Cet été a été marqué par des précipitations hors du commun et des crues comme personne n’en avait encore vu dans notre bassin. Les hauteurs d’eau atteintes et les débits enregistrés dépassant de beaucoup ceux de la crue de 1993 (à l’heure actuelle, les débits atteints ne nous sont pas encore connu).
Mercredi 14 juillet, des pluies torrentielles s’abattent sur la région alors que les sols sont saturés d’eau par les pluies de ce début d’été. Des affluents de l’Ourthe sortent de leur lit et de nombreux ruissellement amènent les premiers dégâts. Les camps scouts, les campings sont évacués, les seconds résidents des zones résidentielles appelés à rentrer chez eux. Dans la nuit, l’Ourthe, l’Aisne montent rapidement et finiront par tout emporter dans les zones les plus vulnérables. L’eau est montée très vite et a pris de cours nombre de riverains qui n’ont pu tout sauver à l’étage quand il y en avait un.
Les murs anti-crues construits pour protéger certains quartiers comme La Roche, Durbuy, Barvaux, Esneux, Comblain-au-Pont, Tilff ont été submergés et les quartiers en contrebas sinistrés, au même titre que les villages non protégés (il n’est pas possible d’installer des murs anti-crues partout car la configuration du terrain doit s’y prêter).
Avec la décrue, l’ampleur des destructions se dévoile. Une solidarité incroyable se met en œuvre et essaye tant bien que mal d’apporter aide et soutien aux sinistrés.
A la cellule de coordination du Contrat de rivière, notre travail est maintenant de documenter ces crues exceptionnelles avant que les traces ne soient nettoyées. D’amont en aval, nous prenons de nombreuses photos géolocalisées afin de conserver la mémoire de l’extension des crues et des hauteurs d’eau atteintes. Ces données seront notamment transférées à la Région wallonne afin d’aider à l’actualisation des cartes d’inondations.
Et après ?
A l’heure d’écrire ces lignes, il est encore trop tôt pour réunir nos partenaires pour faire le point et leur demander d’orienter notre travail en fonction de leurs besoins. L’urgence est d’aider les sinistrés, d’éviter d’autres catastrophes et de réparer les infrastructures indispensables. Mais nous pouvons d’ores et déjà lister quelques axes de travail :
- Debriefing de la gestion de crise : qu’est-ce qui a fonctionné, qu’est-ce qui a manqué… comment faire mieux la prochaine fois ?
- Pour améliorer la gestion locale de la crise, il serait peut-être nécessaire de doter chaque commune d’un plan d’urgence spécial « inondation »
- Afin de diminuer l’impact de ce genre d’événement, il est important de diminuer la vulnérabilité des zones d’inondations. Faut-il autoriser le retour des caravanes fixes dans ces zones ? Comment aménager les habitations existantes pour avoir moins de dégâts ? Faut-il encore autoriser la densification du bâti dans ces zones ?
- Développer une conscience de l’ensemble des acteurs (riverains, architectes, politiques…) afin de diminuer l’artificialisation des sols, les vitesses de ruissellement et rendre aux cours d’eau des espaces d’expansion moins vulnérables (même si avec de telles précipitations ce travail n’aurait probablement pas été suffisant) – remplacer une prairie par une maison et des allées imperméables ont un impact négatif, remplacer un fossé par un tuyau aussi. L’idéal serait que tout aménagement ait un impact neutre et même positif face à l’infiltration.
- Protéger les zones d’expansion existantes et éventuellement augmenter leur effet (zones d’immersion temporaires)
- Un travail sur la mémoire du risque est indispensable, les repères de crue pourront nous y aider.
- Une culture du risque doit également être développée : que peut-on faire et surtout ne pas faire en cas de crue pour se protéger et protéger sa famille.
Reste maintenant à préciser et prioriser des actions afin de rencontrer ces souhaits. L’eau en furie ne connait pas de frontières. Le changement climatique nous promettant d’autres épisodes pluvieux de ce type, chacun dans le cadre de ses responsabilités, dans les zones inondées ou sur les hauteurs, va devoir intégrer le risque d’inondation et la recherche de la moindre vulnérabilité dans ses pratiques quotidiennes.